L’efficacité des caméras de vidéosurveillance à grande échelle fait débat ; même si dans certaines villes telles que Londres et Nice les caméras constituent la pierre angulaire de la politique de protection des citoyens les résultats chiffrés de leur efficacité sont indisponibles.
Cependant les acteurs du débat avancent des arguments concernant leur efficacité en s’appuyant sur les rares données disponibles.
Caméras dans les lieux clos
<< La vidéo est surtout efficace dans les endroits fermés et lorsque les utilisateurs lui ont donné une mission claire, soit en matière de lutte contre les violences urbaines, en gestion des flux de circulation ou encore dans la surveillance de sites sensibles. >> — Alain Bauer, président de la Commission nationale de la vidéosurveillance En clair, l’efficacité d’une caméra serait fondée sur « une analyse préalable de la situation, et une destination précise ». Pour le déploiement parisien chaque caméra « a été installée en fonction d’un minutieux travail de cartographie criminelle établi en liaison avec l’Observatoire national de la délinquance ». L’efficacité des caméras est donc prouvée dans certaines configurations, il est cependant important de noter qu’une réflexion en amont doit être effectuée avant l’installation de chaque caméra afin de déterminer sa finalité. Certains politiques anti-caméras et membre d’associations anti-caméras tels que Christian Masson affirment que les caméras ne font que déplacer la délinquance vers les zones non surveillées au lieu de la supprimer. En effet, selon eux, un vrai signe d’efficacité des systèmes de vidéoprotection serait une augmentation du nombre de délinquants pris en flagrant délit, et non pas une diminution.Bandes non visionnées
Dans les faits, seule une partie des bandes filmées et enregistrées sont visionnées par des agents de sécurité. Le cas de la RATP est particulièrement instructif à ce sujet ; on distingue quatre « types » d’utilisation des caméras dans cette entreprise : Les caméras qui pointent sur les escalator. leur finalité première est d’assurer le bon fonctionnement et le réarmement des l’escalators (lorsque quelqu’un appuie sur le bouton stop). La finalité n’est pas la sécurité, donc les images ne seront pas utilisées s’il y a un vol ou une agression dans le champ de la caméra (sauf si la Police le demande explicitement). Aucun traitement ni enregistrement n’est utile dans ce cas : la caméra ne fait donc que filmer et n’enregistre rien. Elle n’est pas utile pour les équipes de sécurité de la RATP, donc les images ne peuvent être visionnées que par le poste de liaison (un poste de liaison gère plusieurs gares et permet l’approvisionnement en tickets, les remplacements de service etc.). Le poste de liaison ne fait pas que de la vidéosurveillance : ce n’est qu’un outil de travail. Les caméras sur le quai. Celles-ci sont destinées au conducteur lorsqu’il souhaite fermer les portes du métro. Comme précédemment, la caméra n’enregistre ni ne traite les informations. Seul le conducteur peut voir les images (sur les moniteurs en bout de quai). Les caméras de vidéoprotection. Leur finalité est différente : « Contribuer à assurer la sécurité des personnes et des biens ». Celles-ci peuvent donc écouter, traiter les images et les enregistrer. C’est le poste de sécurité de la RATP qui a accès à ces informations (il y a un poste de sécurité qui gère toutes les gares parisiennes. Ce sont eux qui envoient des agents de terrain et qui appellent la Police). Ces caméras se trouvent dans les gares, dans les couloirs de métro, sur quelques quais, dans les bus… Notons que la « sécurité des personnes » est très vague : cela va des mouvements de foules potentiellement dangereux au terrorisme, en passant par les vols et les agressions. Une caméra en zone privée. Celle-ci peut permettre d’améliorer la productivité, de contrôler l’accès à un bâtiment (interphones), de vérifier le non encombrement de certains emplacements… Elles sont visionnées par les vigiles des bâtiments mais n’enregistrent que rarement. Ainsi seule une partie des caméras sont destinées à lutter activement contre l’insécurité. Londres possède le plus grand réseau de vidéo surveillance au monde. Son efficacité est remise en doute surtout à cause du surplus de séquences filmées. En effet selon New Scotland Yard toutes les séquences filmées ne sont pas visionnées. Le déploiement du système aurait donc été mal étudié et ne répondrait pas aux objectifs. De plus, selon la même source, seuls 3% des délits de rue auraient été résolus grâce aux milliards de livres de matériel vidéo déployés sur le territoire. Ceci serait du en grande partie à la technologie utilisée par les caméras de surveillance : la qualité des images, le manque de lumière et d’autres facteurs rendent parfois l’élucidation d’un acte répréhensible. C’est pourquoi l’amélioration des caméras reste un point important dans l’efficacité des systèmes de vidéosurveillance.Solutions alternatives
La ville de Lille, dont le Maire est la première secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry, est un symbole des réfractaires aux caméras. En effet Martine Aubry « pencherait plutôt en faveur d’un renforcement des policiers nationaux » et refuserait les aides de l’État dans la mise en place caméras. D’autres villes comme Caen, Laval, La Roche-sur-Yon, Bobigny ou encore Clermont-Ferrand restent hostiles aux caméras de vidéo surveillance. Cependant certaines villes comme Grenoble changent de positions. D’autre part les membre de la Ligue des droits de l’Homme préconisent le retour à une Police de proximité ainsi que l’augmentation du nombre de rue dans les zones sensibles afin de prévenir plutôt que de punir.Rapport qualité prix
Si les performances des systèmes de vidéoprotection ne sont pas connues, leur coût l’est et il est plutôt important, ce qui suffit à certains opposants aux caméras pour remettre en cause leur efficacité. << Au regard des diverses expériences, internationales et nationales, l’impression qui se dégage est que c’est plus le sentiment d’insécurité que l’insécurité elle-même qui est combattu. >> — Brochure de la Ligue des Droits de l’HommeLa Ligue des Droits de l’Homme dénonce le coût élevé de l’installation d’une caméra qui s’élève à environ 50 000 euros selon elle. Il faut ajouter à cela le coût de la maintenance, environ 5000 euros par an pour une seule caméra. De plus faute de maintenance appropriée certaines caméras sont défectueuses comme le montre l’exemple de la ville de Boulogne-Billancourt où la plupart des caméras installées n’ont jamais été fonctionnelles.De plus, toujours selon la Ligue des Droits de l’Homme, l’absence de chiffres montre bien que le système n’est pas efficace. En effet lorsqu’un système fonctionne, on le prouve avec des chiffres. Or aucun chiffre n’est avancé par les différents acteurs du débat, cela signifierait qu’ils ne sont pas bons et ne permettent pas de justifier un tel dispositif.